Il y a mille façons d’engager sa vie dans les arts plastiques et ce d’autant plus que la dénomination du « plastique » avoue ses limites à affilier ce qui désormais l’excède en matière d’expression ayant pu recevoir le label artistique : production plastique, sonore, écriture, …enseignement, comme disait Beuys, etc. Malgré un manque évident de temps, comme tout universitaire qualifié non seulement en sciences de l’éducation mais aussi en sciences de l’art, ma pratique a toujours existé et suit encore son chemin, même si je n’ai jamais exposé, considérant qu’une telle décision impliquerait un investissement total que je ne pouvais assumer et qu’en cette matière on ne peut transiger.
Le travail dont on voit ici quelques aspects est à la fois narratif et de nature formaliste. Il faut le considérer comme autoportrait en ce sens qu’il me raconte non seulement comme toute œuvre raconte son auteur mais plus précisément en tant que les référents ne sont saisissables que dans une herméneutique qui renvoie à des événements personnels ; il faut le considérer tout autant comme miroir tentant de livrer portrait des moyens qui me sont propres, algorythmie axée sans cesse en direction de la mise en jeu de ces mêmes moyens, de l’épreuve de leurs limites, fascination (banale et partagée, je le concède) pour ce qui fait « opacité » lorsque c’est la représentation elle-même qui prend velléité d’entrer en représentation. Dois-je avouer quelques attirances ? Titus-Carmel, Cueco, Rainer, Richter, Reinhardt, Ryman, les Starn, Strzeminski, Monet, le noir de Seurat…
Trivialement, on pourrait décrire mon travail comme une pratique graphique et plastique exercée à partir de l’exploitation photographique, initialement argentique, de dessins exécutés eux-mêmes d’après manipulation de positifs photographiques. Mon travail, aujourd’hui, est numérique (infographique).
Le support iconographique, n’est pas anodin. Il est confrontation de l’environnement méditerranéen où je vis actuellement avec le souvenir indélébile de mon enfance parisienne. Il est support mais aussi le moteur obsessionnel qui m’a poussé à pratiquer ainsi. On retrouve probablement cette obsession dans la récurrence du travail plastique qui s’en suit.
Cette pratique plastique s’est élaborée dans la chronologie suivante :
DONNÉ INITIAL. Un ensemble de films positifs N/B (portes, serrures, platanes de l’Ile Saint-Louis à Paris, uniquement). Cette série est définitivement close.
DONNÉ MATRICIEL, NIVEAU 1. Réalisation de planches originales non destinées à être montrées en tant que telles et servant exclusivement de matrices. Travaux 0,40 x 0,40 au crayon tirés de l’exploitation des photographies initiales. Jeu de combinatoires mais surtout jeu sur les dysfonctionnements de l’image, déperdition par le flou, la distorsion, l’illisibilité (6H et papier gravé à blanc, par exemple), ensemble plus ou moins oblitéré d’ombres portées végétales qui s’insinuent au fil du temps et transforment les traces mémorielles initiales (premières œuvres en NB montrées çà et là ci-dessous).
DONNÉ MATRICIEL, NIVEAUX 2 et 3. Réalisation de films N/B 6 x 6 à partir des planches précédentes ainsi que d’images numériques jpg. Etape purement technique.
PRODUCTION EFFECTIVE n°1. Il s’agit d’un jeu au second degré, avec comme dominante le médium photographique, œuvres au format 1m x 1m, portant sur les mêmes phénomènes de déperdition (flou, distorsion, surexposition, mauvaise fixation, fractionnement…) et désormais abandonné : œuvres en NB offertes ici et là sans avoir été exposées au public. Notamment images 1 à 8 en exemples ici.
PRODUCTION EFFECTIVE n°2. Mon travail actuel, commencé au début des années 2000, qui constitue l’essentiel des éléments montrés ci-dessous vise à pousser d’autres limites liées à l’image numérique : intrusion de la couleur, dé-saturation et dé-pixellisation. Jeu manipulatoire sans prétention, sans aucun doute nostalgique d’un temps de recherche révolu mais que je perpétue avec plaisir et diffuse largement dans mon entourage, espérant faire plaisir. L’essentiel des images ci-dessous.
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